Prévention, bonnes pratiques et grands risques de santé publique : le baromètre santé conduit par Odoxa en partenariat avec la FG2A a observé les pratiques des Français en matière de nutrition, d’alcool, de tabac ou encore de cannabis, avant, pendant et après le confinement. Le point de vue d’Axelle N’Ciri, membre de la commission santé de FG2A, et fondatrice et CEO de Map Patho, sur les résultats de l’étude.
Comment percevez-vous l’étude dans son ensemble ? Les résultats vous étonnent-il ?
Ma perception est plutôt positive : j’imaginais pour être honnête des résultats catastrophiques. J’avais le sentiment d’une dépression ambiante et il s’avère que les résultats de l’étude sont plutôt encourageants en termes de pratiques de santé.
Etes-vous étonné que les Français estiment être aussi bien informés sur les risques alors même que beaucoup d’entre eux ont des pratiques à risques (prise de poids, alcool, tabagisme…) ?
Je suis étonnée que les Français s’estiment aussi bien formés et informés. De mon point de vue, cependant, nous avons surtout manqué d’informations en ce qui concerne les gestes barrières et la propagation du virus. Travaillant dans le domaine de la santé, je n’avais pas le sentiment que nous disposions de tant d’informations en plus de ce que voulait bien nous dire les médias. Je nous estime mal informés, pour ma part.
Considérez-vous que la sphère politique influence les prises de positions scientifiques et/ou médiatiques ?
La sphère politique a fort heureusement un impact sur les prises de position scientifiques ou médiatiques. Cette question est toutefois à double sens. Parle-t-on de censure ou d’influence sur l’activité des médias ? Pour moi, les décisions et la gestion gouvernementales ont forcément un impact sur la vie du pays dans son ensemble. Les politiques ont mis en place un comité scientifique, lequel a nécessairement eu un impact dans la gestion globale de la crise. On peut établir le même constat dans d’autres pays, d’ailleurs.
Pensez-vous que la défiance des français vis-à-vis du Ministère des Solidarités et de la Santé soit légitime ?
A mon avis, la défiance aurait été la même quelle que soit le parti au pouvoir. Face à une situation inédite, les citoyens sont nécessairement méfiants : la défiance est donc forcément générale.
Quel regard portez-vous sur l’amélioration des pratiques de santé dans les autres pays européens ? Selon vous, cette tendance va-t-elle se poursuivre ?
Nous avons tous un système de santé différent en Europe : il est donc difficile de parler d’amélioration de manière absolue. Il faut prendre en compte les défaillances propres à chaque pays. J’espère en tout cas que la collaboration entre des états aux performances variées constituera une solution : avec l’Allemagne par exemple, on peut espérer une coordination politique intéressante. La crise a révélé les systèmes qui fonctionnent ou non : à nous maintenant d’assurer une coordination efficace entre les différents systèmes.
D’après vous, à quoi est due l’amélioration du comportement des Français dans la consommation des produits à risque ?
L’amélioration de leur comportement a été porté par le principe de confinement : enfermés chez eux avec des sorties très encadrées et la peur d’attraper le virus, chacun a dû prendre davantage en considération sa santé. J’espère que cela va perdurer mais c’est un réel challenge.
Quelle est votre vision de la suite post-Covid en matière de santé ?
Je ressens une grande crainte quant au retour des mauvaises pratiques et un retour en force du virus. On peut espérer que chacun ait réalisé l’importance de la santé…